La politique du zéro alternative

Une déclaration de Meral Zeller, Pro Asyl

Ségrégation et expulsion - c'est ainsi que l'on peut résumer la politique d'asile actuelle. Le « retour volontaire » joue ici un rôle décisif, peu importe le manque de perspectives ou la situation dangereuse prévalant dans le pays d'origine. Dans les camps de la misère situés aux frontières extérieures de l'UE et aux larges de celles-ci, on observe que le retour « volontaire » devient une option, surtout lorsqu'il n'y a pas d'autre solution. En Grèce, un départ sur cinq a eu lieu ces dernières années à partir des hotspots de l'UE sur les îles de la mer Égée. C'est souvent le seul moyen d'échapper à la misère et au manque de perspectives des camps sans jamais arriver à la destination souhaitée. Retour « volontaire » des camps de la misère ? Une duperie !

L'Allemagne, elle aussi, tente de promouvoir le retour en n'offrant aucune alternative - et suit ainsi la recommandation d'un rapport de 1,86 millions d'euros du cabinet de conseil McKinsey. Avec le « paquet migratoire » adopté en 2019 sont apparus l'allongement de la durée de séjour dans les structures de premier accueil, l'extension de la détention dans l’attente de l'expulsion et l'introduction du « Duldung Light » (permis dit de tolérance light). Dans le cadre du conseil paradoxal de « l'État indépendant » en matière de procédure d'asile, les employé:es de l'Office fédéral des migrations et des réfugiés (BAMF) fournissent désormais également des informations sur les possibilités de retour immédiatement après l'arrivée - leur réservant ainsi un accueil macabre. Les craintes sont justifiées selon lesquelles les conseils du BAMF supplantent les conseils indépendants non gouvernementaux en matière de procédure d'asile. Ce durcissement entraîne une privation généralisée des droits des réfugiés et les pousse en marge de la société, sans accès à des cours d'allemand, leur interdisant de travailler et les isolant dans des camps. Quand on assiste à de maintes reprises aux expulsions musclées, la peur devient un compagnon de tous les instants.

Un retour autodéterminé dans la dignité pourrait être une alternative à la déportation violente. Pour que cela se produise, il faudrait toutefois que ce retour soit plus qu'une simple possibilité de devancer l'expulsion. Le groupe de travail fédéral PRO ASYL a défini ce à quoi il pourrait ressembler dans sept thèses sur le conseil au retour.